TCA ou Trouble du Comportement Alimentaire
Je suis atteinte d’un trouble du comportement alimentaire, les plus connus d’entres eux étant l’anorexie et la boulimie, moi je souffre de l’hyperphagie.
Ce TCA ressemble en tout point à la boulimie à ça près qu’on ne vomie pas et qu’on ne s’anime d’aucune suractivité pour éliminer. En d’autres termes, ces crises se manifestent par l’ingestion, en dehors des repas, de quantités indécentes d’aliments appréciés.
Au moment où la crise survient, on en ressent le désir, à l’instant où l’on mange on en ressent du plaisir et plus on mange, plus on veut encore manger. A ce moment-là on a déjà perdu tout contrôle et tout ce qui se présente est engouffré sans fin, sans faim… et bien entendu tout cela en dehors du regard de quiconque, cachée… jusqu’à sentir que l’estomac explose et que le mal être s’installe.
Les crises s’enchainent, de plus en plus souvent, de plus en plus gargantuesques. Un sentiment de culpabilité, de honte, et une haine de soi-même s’immisce, le tout accompagné d’une prise de poids immuable compte tenue du comportement d’apathie totale entraîné par cette “maladie”.
Les jours passent et le cercle vicieux se referme sur nous… et nous voici dans une vraie prison psychologique, dans un combat contre soi-même qu’on ne sait pas comment aborder, devant lequel on reste d’abord anéanti et victime en songeant qu’il faut agir…
Ces maladies sont prises très au sérieux par le corps médical puisqu’elles conduisent à une souffrance psychique sérieuse.
Comment ça s’attrape ?
Pour ma part il a suffi d’une histoire d’Amour passionnelle qui m’a laissé contaminée après une rupture violente et soudaine.
Voilà 4 ans donc que je souffre de problèmes de troubles alimentaires.
Ils se sont déclenchés au départ de l’Amour dans ma Vie. Je courais beaucoup, je mangeais peu (depuis toute petite j’ai toujours mangé comme un oiseau) et par dessus tout jamais je ne mangeais la nuit ! Or, une rupture peut tout changer et chambouler tous vos comportements. Tout comme l’arrivée de l’Amour vous donne des ailes et fait que tout s’équilibre dans votre vie, son départ perturbe tout et c’est la fin du monde. Enfin c’est ce qu’on croit pendant un temps relatif à chacun.
Néanmoins cet Amour là m’avait transmis l’Amour de la course à pied et du Marathon (mon premier Marathon, c’était lui) et l’envie de sport plusieurs fois par jour, ce qui colle toujours très bien avec mon quotidien de coach sportive. Avec lui, malgré nos difficultés du quotidien, je me sentais vivre et il me poussait à toujours mieux, dans tous les domaines et dans le sport par dessus tout !
Lui était un pratiquant quotidien du frigo la nuit (atteint sans conteste d’un TCA aussi depuis des années). Yaourt (dont nous étions deux addict), riz au lait, chocolat, pain avec du miel et autres barres et produits hyper protéinés en tous genres… tout ce qui était disponible et sucré y passait ! Moi je me contentais de me réveiller et de profiter de ses “orgies nocturnes” pour papoter avec lui jusqu’à ce que son ventre soit repu et que nous nous recouchions l’un contre l’autre. J’avais beau avoir la tentation quasi toutes les nuits en vivant à ses côtés, jamais l’envie de manger dans la nuit ne me passait par la tête et par l’estomac.
Et puis la vie !
Elle a décidé que nos chemins devaient s’arrêter là. Lui vit désormais de son côté et moi j’ai dû survivre à son départ violent et soudain* dans autant d’incompréhension que lors du décès de ma mère.
[* du jour au lendemain, 26 septembre 2015, l’avant veille un appel tout “va bien”. La veille un texto sympa et très “optimiste”. Des guillemets que j’utilise pour décrire une situation toute relative que je me permets de garder en grande partie pour moi. C’était une relation compliquée qui a durée 5 ans à travers laquelle j’ai affronté mes pires épreuves. Mais c’est elle encore qui m’a rendue plus forte par certains côtés et qui m’a donné quelques uns de mes plus grands bonheurs. Et après le 27 septembre 2015, je n’aurai plus aucune nouvelle directe, jusqu’à récemment, sans qu’aucune explication ne me soit accordée. C’est ce que moi j’appelle “violent et soudain”…]
J’ai perdu ma Maman lorsque j’avais 17 ans, elle s’est suicidée et son départ n’était donc pas prévu. Elle n’a laissé aucune lettre, aucune explication et il m’arrive aujourd’hui encore de m’interroger sur ce départ précipité.
Aussi, la mort subite de Notre Histoire je l’ai vécu puissance 1000 du décès de ma mère… parce que j’ai travaillé longtemps à notre avenir que je ne voyais qu’avec lui.
Ma Maman, bien qu’elle me manque chaque jour, n’était en aucun cas la personne avec qui je vivrais mon quotidien d’adulte, avec qui je fonderais une vie avec des enfants et des rêves à réaliser plein la tête…
C’est comme ça que dès son premier soir d’absence, je me suis mise à me jeter dans le frigo plein (par habitude) de tout ce qu’il aimait et rien n’a survécu à ma peine… le frigo et même les placards avaient commencé à remplir un manque que je commence à peine à combler (je suis une grande sentimentale).
Parallèlement j’ai progressivement ralenti pour stopper quasi complétement le sport, le même que j’avais partagé avec lui dans le bonheur pendant des années était devenu un supplice tant il me faisait penser à lui… Vous comprendrez aisément que le mélange à peser lourd sur la balance.
3 ans et demi se sont écoulés. Burn out, dépression et descente intérieure aux enfers. J’ai continué à travailler (les inconvénients d’être chef d’entreprise, on ne peut jamais la lâcher. Cette même entreprise que j’avais lancée avec lui…) et j’ai fait mon maximum pour donner le change avec bien des erreurs de parcours. Mais j’ai résisté. Psychiatre, traitement, psychologue, hypnothérapeutes, magnétisme… j’ai usé de toutes les opportunités que la vie me présentait pour me hisser peu à peu à l’arrêt de ces crises en menant de front une reprise active de la course à pied. Des épisodes en dent de scie, avec des phases où le CAP ne me sortait pas de l’esprit et des phases de down où les crises réapparaissaient. Mais de moins en moins souvent, de moins en moins gargantuesques et de plus en plus sous un certain contrôle.
Au moment où je rédige cet article, voilà seulement 5 mois que j’ai vraiment repris la course à pied. La musculation petit coup par petit coup. Et ça fait également seulement quelques mois que j’ai stoppé ces crises, avec encore quelques dérapages alimentaires… mais il me semble que j’en vois doucement le bout.
Aujourd’hui il me reste à me débarrasser de ces kilos superflus, ce qui reste impossible si les crises ne s’arrêtent pas, et j’y travaille activement !
Je vous ferai part dans un prochain article des différentes étapes qui me permettent de dépasser cette épreuve. Je vous confierez ce qui m’a vraiment aidé et à quel point je suis sortie d’affaire. Comme une maladie grave il y a une période de rémission qui permet de dire “je vais mieux et je m’en suis sortie”. C’est à ce moment là que je me permettrai d’écrire cet article.
Morale :
Coach Sportif ou personne lambda, il n’existe pas de super héros face à ces troubles. On a beau maîtriser les pratiques sportives et nutritionnelles associées, nous n’en sommes pas plus fort lorsque les évènements de la Vie prennent le dessus sur nous.
Mon expérience vous parle ? Vous la vivez ? Trouvez le fond du problème, la source, le déclencheur, faites-vous aider et une fois cette étape passée reprenez une activité sportive. Cette dernière sera le gage d’une confiance en soi retrouvée. N’abandonnez jamais !